SAVOIR AGIR EN URGENCE VITALE


L’organisation du secours en France s’est, dans les suites de la dramatique augmentation des accidents de la route dans les années 1970, faite avec pour conception de base la médicalisation du secours. Les dogmes enseignés au grand public et aux secouristes étaient basés sur l’action très limitée des secouristes au profit d’une prise en charge sur les lieux, systématiquement par une équipe médicale. Comme la ressource médicale est, malgré tout, limitée le système français s’est axé autour de la régulation médicale des appels d’urgence par les centres 15.
A l’inverse de la France dans la plupart des autres pays se sont développés des systèmes de prise en charge basés sur l’action de secouristes et paramédicaux bien formés sur la base de programmes d’enseignements tels que le Pre Hospital Trauma Life Support (PHTLS), l’Advanced Medical Life Support (AMLS), le Pediatric Advanced Life Support (PALS), dérivés de l’Advanced Trauma Life Support (ATLS) développés par l’American College of Surgeon. Les intervenants pré hospitaliers de ces pays agissent chacun selon leurs compétences sur la base de protocoles qui ont été validés par leurs directeurs médicaux et de nombreuses sociétés scientifiques comme l’American Hearth Association
pour l’Advanced Cardiac Life Support mais aussi l’International Liaison Commitee On Rescucitation (ILCOR).
Pour prendre un autre exemple nous avons perdu en France une dizaine d’année dans la mise en place des DSA par les secouristes et des défibrillateurs automatiques (DA) pour le grand public.
Une des conséquences de ces choix a été que les programmes de secourisme français ont été simplifiés à l’extrême et ne permettent pas à nos secouristes professionnels que sont les sapeurs-pompiers mais aussi les ambulanciers de comprendre les gestes qui leur sont enseignés et qu’ils réalisent quotidiennement.
Nos personnels de secours qui dans les associations arment les postes de secours, nos sapeurs-pompiers professionnels ou volontaires, les ambulanciers privés ont pourtant les mêmes capacités de compréhension que leurs homologues étrangers et se trouvent confrontés aux mêmes problèmes. Il est donc aujourd’hui indispensable de donner aux acteurs de secours les armes nécessaires pour remplir leur mission ce d’autant qu’il apparaît que le tout médical est aujourd’hui arrivé au bout de ses ressources.
Par ailleurs les études épidémiologiques les recherches en médecine d’urgence montrent que beaucoup de ce que nous croyions dans les années 1970 essentiel dans la prise en
charge des urgences, s’avère ou inutile voir nocif et cela remet considérablement en question notre organisation de secours. Nous avons enfin compris que le temps restait un facteur clé car il représente du sang, du cerveau et du myocarde. Les nouvelles prises en charge des accidents coronariens ou vasculaires cérébraux comme la mise en place du « damage contrôle » pour les hémorragies internes ou externes massives nous ont démontré qu’il fallait arriver vite sur les lieux, ne faire que ce qui est strictement utile pour arriver dans
l’établissement de soins approprié à la prise en charge, dans les délais les plus brefs.
Enfin les techniques se transformant de plus en plus rapidement et de nouvelles
thérapeutiques nécessitant moins de gestes invasifs comme les traitements par aérosols ou per nasal permettent, avec notamment les nouvelles techniques de communication, aux secouristes d’être de plus en plus performants.
L’objet de ce blog est de donner aux personnels de secours non médecins les
informations nécessaires pour comprendre et réaliser de façon optimale tous les gestes de secours et de les préparer à prendre de plus en plus de responsabilité à l’avenir à l’identique de nos autres collègues européens comme les techniciens de secours d’urgence en Allemagne, Pays-Bas, Suisse ou dans les pays nordiques. Une évolution a déjà commencée en France avec la validation des protocoles infirmiers permettant ainsi à un infirmier diplômé d’agir sans la présence d’un médecin en cas d’urgence. Ce blog leur est également destiné pour leur permettre de se perfectionner.
Le secours à personne est d’abord une affaire d’équipe, chacun du médecin au secouriste y trouve sa juste place. Pour qu’une équipe de secours soit performante il faut que chacun comprenne le rôle qui lui incombe et comprenne aussi pourquoi ces gestes sont indispensables et comment appréhender les victimes. Le postulat de base est :

«Il n’est pas interdit d’être intelligent».

Les intervenants pré hospitaliers, quels qu’ils soient, pourront ainsi encore mieux agir, s’ils interviennent en connaissance de cause.


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